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3 questions à… Nicolas Clavé

Nicolas Clavé

Responsable RAM chez TotalEnergies OneTech, Nicolas Clavé partage sa vision de la suite logicielle GRIF qu'il utilise depuis plus de 20 ans. Pour cet ingénieur fiabiliste, la robustesse des calculs, la modularité et l'innovation font de cet outil une référence dans la sûreté de fonctionnement.
Diplômé d'un Master de Modélisation Stochastique et Recherche Opérationnelle à l'université de Bordeaux, Nicolas Clavé, 42 ans, a fait ses premières armes chez TotalEnergies en 2005, avant de rejoindre un consultant en sûreté de fonctionnement pendant une dizaine d'années. De retour dans la Compagnie en 2014 en tant que spécialiste Fiabilité, il a pris, dans la foulée, la responsabilité du département RAM (Reliability, Availability, Maintainability) et supervise l'usage de la suite logicielle GRIF. Utilisateur de la première heure, il revient sur les fondements mathématiques, les évolutions technologiques et les perspectives de cet outil, qui vient de recevoir la certification IEC 61508 sur trois de ses modules (Risk, Tree, SIL).

A quelle occasion avez-vous découvert la suite logicielle GRIF ?

Nicolas Clavé : J'ai découvert GRIF lors de mes études en Master Modélisation Stochastique et Recherche Opérationnelle (MSRO), grâce à Yves Dutuit, mon professeur et mentor. Avec lui, nous commencions toujours l’apprentissage de nouvelles techniques de modélisation par des calculs « à la main ». C'était sa méthode : comprendre d'abord les formules probabilistes et les statistiques de base, pour ensuite savoir utiliser le logiciel de manière efficace et pertinente. C'est sans doute la meilleure approche pour entrer dans l'univers GRIF et saisir sa force de frappe, à savoir ses fondamentaux mathématiques. Yves Dutuit m'a ensuite encouragé à continuer dans la sûreté de fonctionnement, car même si les exemples étudiés en cours étaient proches de la réalité, les applications restaient assez académiques et simplifiées.

Mon stage de fin d'études chez TotalEnergies en 2005 m'a permis de poursuivre les travaux en travaillant notamment sur les réseaux de Petri (module Petri), les blocs-diagrammes stochastiques (module BStoK) et les arbres de défaillance.

« GRIF vient tout juste
d'obtenir la certification
internationale IEC 61508
sur trois de ses modules
(Risk, Tree, SIL). C'est le
seul outil du marché à avoir
reçu cette certification. »

Qu'est ce qui, selon vous, en fait un outil à part ?

N.C : L'atout numéro un de GRIF, c'est sa robustesse mathématique. Il faut savoir que GRIF a été conçu chez TotalEnergies dans les années 80 par de grandes pointures de la fiabilité de systèmes. Ces fiabilistes de renom venaient pour la plupart du nucléaire, et leurs travaux sont encore aujourd'hui à la base des moteurs de calcul. Ce sont des modèles mathématiques d'une grande rigueur, performants, avec un très haut niveau de confiance dans les résultats.

L'autre grande force de GRIF, c'est sa structure composée de 12 modules interopérables qui peuvent communiquer entre eux. La suite permet, ainsi, d'aborder différentes techniques de modélisation : si un module atteint ses limites, rien n'empêche de transférer le modèle vers un autre module pour obtenir plus de détails dans les résultats ou davantage de flexibilité.

Enfin, GRIF vient tout juste d'obtenir la certification internationale IEC 61508 sur trois de ses modules (Risk, Tree, SIL). C'est le seul outil du marché à avoir reçu cette certification. Cette reconnaissance vient crédibiliser notre démarche, nos méthodes de travail et renforce ainsi la confiance des utilisateurs, internes comme externes.

GRIF est aujourd'hui utilisé par une trentaine d'universités, et est déjà présent dans de nombreux secteurs d'activité : le nucléaire, la défense, la santé, l'automobile, le ferroviaire, l'aéronautique, le spatial. Par cette certification, nous espérons pouvoir adresser de nouveaux marchés, en levant les derniers doutes.

 

Comment GRIF accompagne la transition énergétique de TotalEnergies ?

N.C : Historiquement, GRIF a été développé pour optimiser les performances des projets de la branche Exploration-Production (EP). Depuis notre transfert dans la branche OneTech, le périmètre de nos activités s’élargit et l’équipe est de plus en plus sollicités pour intervenir sur des sujets liés aux énergies renouvelables, à l’hydrogène ou encore au stockage de CO2. La force de l’outil est que les techniques de modélisation qu’il propose sont transverses. Autrement dit, nous pouvons tout aussi bien modéliser une unité de production pétrolière qu’une usine destinée à injecter du CO2 ou stocker de l’électricité. Bien sûr, des ajustements sont parfois nécessaires. C'est dans ce cadre qu’est apparu notamment le module GRIF Wind, que nous avons entièrement développé en interne pour notre activité sur l'éolien offshore. En effet, sur ce type de projets, la rentabilité ne dépend pas uniquement des coûts d’investissement, mais aussi, et surtout, des coûts opératoires : déplacements des bateaux d’intervention, gestion des pièces de rechange, connexions entre les éoliennes, impacts météo… Il faut donc aller très loin dans le détail pour capturer l’ensemble des équipements et contraintes à enjeux. D’autres modules sont actuellement à l’étude, notamment pour les systèmes de stockage d'énergie par batterie (BESS = Battery energy storage system), car leur niveau de fiabilité dépend de paramètres spécifiques comme la température ambiante par exemple. C’est un sujet sur lequel nous réfléchissons, car il est appelé à prendre de l’importance dans les années à venir

Notre objectif, dans tous les cas, reste le même : générer de la valeur en aidant les équipes de TotalEnergies à prendre les meilleures décisions possibles, en termes de conception et de dimensionnement des projets.